Définition du BIM

Simulation 3D d'un bâtiment construit à l'aide du BIM

« BIM & BTP »… en voilà un titre peu commode qui mêle deux acronymes en pensant que tout le monde les comprendra ! Quelle drôle d’idée j’ai eue de choisir un titre pareil…

Pourtant, mon objectif est précisément de vous faire comprendre ce qui se présente comme la « révolution industrielle » à venir pour le secteur de la construction et vous permettre d’en saisir toute la complexité pour l’apprivoiser et l’adopter définitivement dans vos méthodes de travail. Et ce n’est pas une mince affaire, alors accrochez-vous, c’est parti !

Définitions

Commençons par expliquer ce vilain titre : BIM & BTP

« BTP » : non, je ne vous expliquerai pas cet acronyme ! Si vous lisez ce livre, c’est que vous travaillez déjà, ou projetez de le faire, dans le bâtiment ou les travaux publics.

Et « BIM » alors ? Qu’est-ce que c’est que ça ?

Les erreurs courantes

Posons la question à Wikipédia :

BIM : Building Information Modeling, Building Information Model ou dans sa transcription française Modélisation des données du bâtiment, Bâti et Informations Modélisés, Modèle d’Information Unique du Bâtiment, ou encore Maquette Numérique du Bâtiment (MNB), est une technologie et des processus associés pour produire, communiquer et analyser des modèles de construction.

Hou là…, mais qu’est-ce que c’est que cet acronyme qui n’a pas une, mais plusieurs définitions ? Pour résumer, BIM vient de l’américain « Building Information Modeling », définition native qui fait l’unanimité. Depuis, le BIM s’exporte et arrive dans les pays francophones. Le problème est que « BIM », ça sonne bien ! Donc, on essaye de trouver une traduction française tout en conservant cet acronyme sympathique, alors forcément certaines des francisations évoquées dans cette définition offerte par Wikipédia semblent tirées par les cheveux. Si bien qu’au final, à l’heure où j’écris ces lignes, personne ne s’accorde vraiment sur un acronyme et une définition francisés. En conséquence et pour simplifier votre travail de compréhension (et mon travail d’écriture), je parlerai uniquement du BIM dans ce livre par le biais de cet acronyme. Ce point de détail étant précisé, continuons la lecture de la définition de Wikipédia.

Le BIM se définit à la fois comme :

  • un processus de gestion et de production de données,
  • un modèle unique du bâtiment,
  • un logiciel parce qu’il fonctionne en intégrant une série de logiciels.

Bon… cet article Wikipédia semble se perdre un peu dans certaines idées floues, voire erronées. Mais rien d’étonnant à cela, le sujet du BIM est encore très jeune et peu de personnes se sont encore consacrées à la vulgarisation et à l’enseignement de ce concept. Je vais donc prendre les choses en main pour la suite de la définition.

La bonne définition

Alors, oui le BIM est un processus et il est très important d’insister sur ce point. En tant que processus, il associe plusieurs intervenants autour d’un projet commun, en définissant les responsabilités, les périodes et les limites d’intervention de chacun.

Ce processus est effectivement associé à un « modèle du bâtiment ». Il s’agit en fait d’une « maquette numérique ». Cette maquette est constituée « d’objets ». Chaque objet est lui-même défini par une infinité de caractéristiques, qu’elles soient techniques, financières, sémantiques ou comportementales vis-à-vis d’autres objets. Chaque objet d’une maquette numérique est donc porteur de données qui le caractérisent, ce qui confère de fait une « intelligence » à la maquette et permet de la qualifier « d’avatar du bâtiment ».

Mais NON, le BIM n’est pas « un logiciel parce qu’il fonctionne en intégrant une série de logiciels ». Un plan AutoCAD n’est pas « un logiciel » sous prétexte qu’on utilise AutoCAD pour le produire. Ce livre n’est pas un logiciel sous prétexte que j’ai utilisé un logiciel pour le produire et que vous en utilisez un autre pour le lire ! Corrigeons cette grossière erreur :

Une maquette numérique est, comme son nom l’indique, produite par informatique, par le biais de logiciels de conception variés (ArchiCAD, Revit, Allplan, Tekla…). Elle est ensuite « interprétée » par d’autres logiciels dans des buts divers : calculs, dimensionnements, simulations, visualisation, planification, gestion de patrimoine… Le BIM n’a donc rien à voir avec un logiciel !

En clair

Synthétisons. Pour nous mettre les idées bien au clair, voici la bonne définition du BIM.

Le BIM est une méthode de travail, un processus, utilisant une maquette numérique 3D intelligente comme élément central des échanges entre les différents intervenants à l’acte de construire. La maquette voit le jour entre les mains de l’architecte. Elle est ensuite rendue accessible aux différents bureaux d’études dans le but d’être complétée voire modifiée techniquement. A ce stade, la maquette sera le plus souvent divisée sous la forme de plusieurs maquettes « métier » (une maquette structure, une maquette fluides…). Ces maquettes métiers sont ensuite fusionnées dans une « master maquette » pour détecter et résoudre les conflits éventuels (réseaux en interférence par exemple). Ce travail d’assemblage et d’analyse des conflits se nomme la « synthèse ». Ainsi conçue, la maquette sert à produire les plans d’exécution qui seront diffusés au chantier. Les entreprises de construction utilisent également la maquette pour réaliser leurs métrés, planifications ou phasages. Durant les travaux, la maquette est maintenue à jour par les concepteurs et les constructeurs de sorte qu’à la fin du chantier, « l’avatar du bâtiment » est exactement conforme à l’ouvrage tel qu’il a été construit.

Cette maquette, livrée au Maître d’Ouvrage avec les clés de son bien lui donne la possibilité de gérer informatiquement son bâtiment, dans le but de réaliser des travaux ultérieurs, de gérer son patrimoine, d’intégrer des systèmes domotiques ou de réaliser diverses simulations (ensoleillement, flux, acoustique…). La maquette numérique est en quelque sorte le « dossier médical personnel » d’un bâtiment, utile jusqu’à sa fin de vie, où elle permet d’anticiper la présence de certains matériaux ainsi que de les localiser et les quantifier.

Le BIM est donc une transposition dans le monde la construction de processus de construction qui existent dans tous les secteurs industriels tels que l’aéronautique ou l’industrie automobile. C’est en cela que l’adoption du BIM est comparable à une révolution industrielle.

Pour parfaire cette définition, soyez bien conscients de ce que n’est PAS le BIM.

Par Clément VALENTE

Expert en construction numérique

12 commentaires

    1. Bonsoir Clément.

      Sincères remerciement pour la clarté et la promptitude de votre réponse.
      A votre écoute à propos de la formation.
      Bien à vous

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