Parmi les 3 logiciels présentés, leaders actuels du marché, il n’existe pas de meilleur logiciel qu’un autre. En tout cas il est impossible de le dire de manière aussi binaire.
Comment choisir ?
Tous proposent des fonctions de dessin comparables et aussi évoluées, des solutions de travail collaboratif et des prix d’un ordre de grandeur similaire.
Alors comment choisir ? Car je sais bien que vous attendez de moi que je vous oriente vers l’un ou l’autre des logiciels !
[su_panel]Voici une démarche en 10 étapes pour faire le bon choix :- Parlez-en aux entreprises avec qui vous collaborez fréquemment pour leur demander leur avis,
- Parlez-en à vos concurrents (oui oui !). Ils sont dans la même galère que vous et vous pouvez espérer avoir un dialogue cordial et constructif sur le sujet,
- Demandez une démonstration du logiciel,
- Regardez des vidéos Youtube pour voir le logiciel en action « réelle » et pas enjolivée lors de la démonstration du revendeur,
- Voyez quels sont les offres de formation proposées sur le logiciel, comparez leur teneur et leur tarif,
- Voyez s’il existe une offre d’assistance à l’installation et au déploiement des licences,
- Consultez un informaticien pour vérifier la compatibilité de vos équipements informatiques,
- Demandez à pouvoir tester le logiciel durant une période limitée sans engagement,
- Tenez compte de l’avis des collaborateurs qui utiliseront le logiciel,
- Tenez compte de la tendance du marché à l’égard du logiciel.
La dixième étape est à mon sens la plus importante, je vais donc la détailler.
La tendance du marché
Soyez bien conscient d’une chose : le bâtiment est un travail d’équipe.
La communication interentreprises et les échanges de plans est absolument nécessaire à la bonne réalisation du projet. Cet aspect sera exacerbé par l’arrivée du BIM Niveau 2 et 3 et les échanges se feront à terme en temps réel. La capacité qu’ont les logiciels à communiquer entre eux est donc un point crucial qui ne doit pas être négligé. C’est la raison pour laquelle le format IFC a été imaginé et constitue désormais la norme mondiale pour les échanges de maquettes numériques.
Sauf qu’aujourd’hui l’IFC n’est ni suffisamment mature ni suffisamment bien géré par les divers éditeurs de logiciels. Il n’est donc pas raisonnable en l’état actuel de faire reposer sa capacité d’échanger avec les autres acteurs d’un projet sur la seule base de l’IFC. Ce qui signifie donc qu’il est préférable de travailler avec le même format natif que les autres entreprises, c’est-à-dire avec le même logiciel que les autres.
En clair : soyez un mouton et suivez le troupeau constitué du plus grand nombre d’individus.
Peu valorisant comme image n’est-ce pas ?, mais si malheureusement c’étaient bel et bien les moutons qui avaient raison de se comporter ainsi ?
Les moutons ont raison
Le BIM nécessite des investissements lourds. Personne ne souhaite investir à perte dans un logiciel qui ne s’imposera pas comme le leader du marché. Car outre le logiciel il faut regarder tout ce qui gravite autour : les banques d’objets paramétriques, les plugins et les logiciels tiers compatibles. Tous ces outils professionnels nécessaires pour réaliser des simulations, chiffrages ou encore des planifications permettent à de nombreuses entreprises de créer leur valeur ajoutée, mais ces outils nécessitent eux aussi des investissements pour les développer. Et les développeurs ne vont pas s’attarder sur les logiciels de maquette dans l’ombre : ils ne rendront pas leurs outils compatibles avec ceux-ci.
La situation est exactement comparable à celle du marché des smartphones.
Avant 2010, Apple (iOS) a été pionnier dans le marché des smartphones avec les célèbres iPhone. La marque à la pomme a créé un nouveau segment porteur : les « applis », dans lequel elle a prospéré. Les développeurs de ces applications ont alors conçu leurs applis quasi-exclusivement sur cet environnement, ou tout du moins en commençant systématiquement par celui-ci avant de développer éventuellement pour les autres plates-formes
C’est en 2010 que les choses changent quand Google (Android) prend la tête du marché des smartphones en suivant qui plus est une grimpée vertigineuse. Les développeurs ont alors massivement décidé de développer en premier lieu pour Android, puis pour iOS dans un second temps, laissant carrément tomber dans la plupart des cas les autres plates-formes
Aujourd’hui, si vous devez changer de smartphone et que vous affectionnez certaines applications qui ont le don de vous faciliter la vie, vous poseriez-vous vraiment la question de migrer vers un environnement dans lequel ces applications ne sont pas disponibles ?
Un monopole peut s’auto-générer
Ces courbes illustrent clairement comment un monopole est capable de s’auto-générer dès lors qu’obtenir la masse d’utilisateurs la plus importante possible est l’objectif coïncidant de tous les acteurs d’un secteur.
Pour en revenir à nos moutons (c’est le cas de le dire) : oui nous suivons tous le même mouvement, car c’est aussi dans notre intérêt. Maintenant demandons à Google (encore lui…) de nous donner les tendances de recherche pour les 3 mots clés qui nous intéressent : « ArchiCAD », « Allplan » et « Revit ».
Je pense que votre analyse de ces courbes sera suffisante à vous faire comprendre la tendance qui se dessine sans que je ne la commente…
Mon rôle n’est pas de promouvoir un logiciel. En revanche il est de vous aider à faire les bons choix, et à ce titre cet article vous aura donné toutes les clés en ma possession pour vous informer du contexte actuel où vous devez faire des choix stratégiques d’investissements pour plusieurs années.