Le BIM contre les approximations dans le bâtiment

Le bâtiment est approximatif

Au-delà des inconvénients directs d’un processus non-BIM

qui ont déjà fait beaucoup de dégâts à tous les étages, une autre conséquence indirecte est moins présente à l’esprit des entreprises, mais bien ancrée dans la tête des maîtres d’ouvrage : le bâtiment est un secteur approximatif.

Cléopâtre : Va Numérobis, construis ce palais ! Tu as trois mois.
Numérobis : Trois mois ? Mais euh à partir, euh, avec combien de temps de retard ? Parce que trois mois euh… En trois mois maximum on peut avoir les plans ça c’est bon j’en fais mon affaire, les fondations, faut compter deux, trois mois… trois fois quatre… neuf euh trois mois ça sera euh ça ne me euh semble pas très faisable euh madame.
Cléopâtre : Numérobis ! Tu as trois mois jour pour jour ! Top Chronos !

Ce dialogue humoristique tiré du film « Astérix et Obélix – Mission Cléopâtre » – la qualité de la référence fera sourire – en dit malgré tout beaucoup sur l’image du secteur aux yeux du grand public à qui est destiné ce film. Comme toute comédie, elle véhicule beaucoup de clichés, mais comme toute caricature, elle a le mérite d’accentuer les défauts pour les rendre bien visibles. Ici, les clichés mis en avant sont :

  1. Le retard est systématique dans le bâtiment (« avec combien de temps de retard »)
  2. L’obtention des plans demande trop de temps (« En trois mois maximum on peut avoir les plans », durée qui correspond à lui seul au délai accordé par le client)
  3. Les entrepreneurs du BTP ne sont pas futés (« trois fois quatre… neuf »)
  4. Au final, le client n’accorde plus de crédit à la parole du professionnel (« Numérobis ! Tu as trois mois jour pour jour ! »)

Alors, maintenant que cette caricature est dressée, qu’en fait-on ?

  1. On en rigole 5 minutes puis on la cache dans un coin pour continuer de la même façon qu’avant, en acceptant la situation comme un état de fait ?
  2. On se vexe, on la déchire et on l’oublie ?
  3. Ou bien on en rigole 5 minutes, mais ensuite on l’analyse et on en tire de conclusions/décisions pour s’améliorer ? Personnellement je suis adepte de la troisième solution.

Personnellement je suis adepte de la troisième solution.

Renforcement de la crédibilité des professionnels

Oui, le retard est fréquent dans le bâtiment. Oui, la conception et le dessin des plans prennent trop de temps. Oui, beaucoup d’entrepreneurs du BTP sont adeptes des approximations à outrance et renvoient une image peu crédible. Et enfin oui, le client a effectivement le dernier mot et sait qu’il est en position de force, surtout dans le contexte actuel, pour s’asseoir sur l’avis du professionnel qu’il juge peu crédible. Tout ceci est vrai.

Mais j’ai une bonne nouvelle : le BIM est la potion magique qui redonnera un élan phénoménal au secteur de la construction, qui provoquera la joie incommensurable de tous les clients et amènera les entrepreneurs à être couverts d’or !

Allez, cessons les références cinématographiques.

Le BIM n’est évidemment pas une solution miracle, mais en analysant bien ses possibilités, vous verrez que ce processus permet de tordre le cou aux clichés associés à la construction :

  1. Le BIM permet de réduire les temps de conception
  2. Il apporte plus de précision et réduit donc les approximations
  3. Il améliore le suivi de la construction
  4. Il revoit une image beaucoup plus « pro » et donc plus crédible, mettant l’entrepreneur dans une position plus respectable

Et il réduit les coûts de construction !

Raisonnons un instant comme un maître d’ouvrage, pour qui une seule notion est vraiment importante : le coût global. Quand vous achetez une maison, vous achetez le bâtit, il s’agit d’une dépense instantanée, mais après cela, vous devrez payer le chauffage, l’entretien, les consommations électriques… Le BIM, lorsqu’il sera utilisé à tous les niveaux et pleinement exploité pourra générer des économies non négligeables sur le coût global : la conception améliorée associée aux simulations énergétiques et d’ensoleillement à un stade très précoce permet d’optimiser la performance d’un bâtiment et de réduire les consommations. L’utilisation d’un avatar 3D du bâtiment dans le cadre d’une installation domotique par exemple permet entre autres de mieux réguler les systèmes de ventilation, de chauffage ou d’éclairage.

En France, un « livre blanc » daté d’avril 2014 rédigé par la Caisse des Dépôts et Consignations, organisme chargé de veiller aux dépenses publiques évoque des gisements d’économie éloquents : jusqu’à 20  % d’économies sur les coûts de construction à qualité et performance équivalentes et jusqu’à 7  % des budgets travaux d’entretien et de maintenance du parc immobilier des bailleurs. Au point que l’Europe s’en mêle et demande aux Etats de s’emparer rapidement du BIM.

http://www.planbatimentdurable.fr/IMG/pdf/Livre_Blanc_Maquette_Numerique_mai2014_PDD_bassedef-v1.pdf

Alors, si le BIM permet à la fois de réduire les approximations dans le BTP et les coûts de construction, pourquoi s’en priver ?

Par Clément VALENTE

Expert en construction numérique

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