Au travers de ce site, je fais la promotion du BIM. C’est vrai.
Parfois même je vais jusqu’à vendre un peu de rêve en évoquant des possibilités offertes par le BIM qui ne trouvent pas encore de réponse logicielle ou matérielle fiable et aboutie à l’heure actuelle. .
Alors pour arriver à faire la part des choses entre convictions, anticipations, certitudes et prévisions, il est nécessaire de faire le point.
Non je ne sais pas lire l’avenir
Je suis ingénieur méthodes, BIM Manager, chef d’entreprise et formateur sensibilisé et fortement intéressé par le BIM et ses possibilités quasi infinies. Rien de plus. Je ne possède pas de boule de cristal.
Le BIM n’est pas une histoire passée, mais une histoire future, dont l’écriture commence tout juste. Je peux vous parler de ce qui existe déjà, mais pour le reste, il ne s’agit que d’analyses, de spéculations, d’ambitions, parfois de rêves, dans le but d’orienter votre réflexion et de vous montrer l’éventail du possible. Alors le jour où vous lirez cette ligne précise, soyez conscient que je l’ai écrite bien avant !
Il restera des questions
Le BIM est un sujet récent et n’est encore pas abouti sous tous les angles. Certaines promesses ne sont pas encore tenues par les logiciels. Certains problèmes techniques ne sont pas encore parfaitement réglés, mais tous les intervenants sont à pied d’œuvre pour parfaire leurs solutions. En vous initiant tôt au BIM, comme vous le faites, vous allez certes « essuyer les plâtres » pour les autres, mais vous allez également vous forger une solide expertise en la matière et vous serez plus vite « BIM Ready » que vos concurrents. Alors, non, ce livre n’apportera pas toutes les réponses. Vous devrez travailler en parallèle sur le BIM, vous devrez essayer d’ouvrir une maquette, d’en extraire des informations, de la modifier. Vous devrez vous former sur les logiciels (et vous équiper de ces mêmes logiciels). Et vous arriverez vous-même à répondre aux questions en suspens. Je ne peux pas me former ni m’exercer à votre place, je l’ai déjà fait pour moi et aujourd’hui je partage avec vous mes conclusions pour vous guider au mieux dans cette démarche personnelle qu’est la migration vers le BIM.
Il va falloir faire travailler votre imagination
Comme je l’ai dit, les logiciels ne sont pas encore aboutis sous tous les angles. Certaines possibilités ouvertes par le BIM sont par nature parfaitement réalisables, mais parfois les logiciels offrant l’interface nécessaire pour arriver au résultat escompté n’existent pas encore ou sont en cours de développement. Au-delà de la question technique, il faut bien être conscient de ce que représente le BIM : une révolution majeure. Jusqu’à maintenant on travaillait essentiellement en 2D. Un mur n’était que deux traits parallèles sur un plan avec une épaisseur normalisée. Rien de plus. Désormais un mur dans une maquette sera un objet intelligent. Il aura une forme tridimensionnelle, il sera composé d’une ou plusieurs couches, associées à un ou plusieurs matériaux ayant chacun des caractéristiques techniques infinies : résistance à la compression, teneur en ciment, résistance thermique, performances acoustiques… Libre à vous d’injecter les informations que vous désirez dans la maquette. Vous pourrez ensuite réaliser des simulations exploitant ces informations avec une aisance accrue et une rapidité bien supérieure qu’avec des plans 2D. Le champ du possible est extrêmement vaste. Vous avez même la possibilité d’ajouter d’autres dimensions ! Ajoutez le temps pour faire un phasage 4D où le bâtiment se construira virtuellement à l’écran sur la base d’un planning que vous aurez établi. Ajoutez ensuite les coûts pour produire vos échéanciers de paiement en fonction des quantités d’ouvrages produites à une date définie de votre planning 4D…
Partez du principe qu’avec le BIM, TOUT est envisageable.
Il va falloir accepter d’imaginer la remise en question de tout un système
Le BIM est un processus nouveau. Et c’est bien ce processus que les gouvernements mondiaux sont en train de rendre obligatoires, pas simplement l’usage d’un modèle 3D. En tant que processus, il redéfinit les rôles et missions de chacun d’entre nous. Il va falloir l’accepter, c’est un fait. La loi MOP (Maîtrise d’Ouvrage Public), notre chère spécificité franco-française, est aussi bien ancrée dans les habitudes de travail que la baguette de pain et le béret le sont parmi les clichés sur notre pays.
Nos rôles sont clairement dissociés et définis par cette loi et nous tenons tous à ce cloisonnement, car il permet de donner un cadre très précis à nos responsabilités et nos missions. Mais ce cloisonnement des métiers a également ses inconvénients : la disparité des habitudes de travail, la perte d’informations entre les intervenants, les ressaisies nécessaires pour reconstruire les informations perdues, la perte de temps occasionnée, les erreurs commises par ce biais et les coûts cumulés à la fin. Et sur le plan de la collaboration, nous ne sommes pas habitués à travailler en équipe entre les intervenants. Contrairement à des pays comme les Etats-Unis, en France un projet de construction n’est pas perçu comme un « bien commun », ni lors de la conception ni lors de la construction.
Même les architectes et les bureaux d’étude ne savent parfois pas travailler en synergie, alors que leur mission commune est la conception du bâtiment. Le processus BIM offre indéniablement une réponse très efficace sur le plan du travail collaboratif.
Mais l’adoption du BIM est loin d’être gagnée d’avance, car de nombreux freins existent.
Le premier frein est purement technique : les investissements en logiciels, matériels et formations, la structure inadaptée de l’entreprise, le recrutement de personnes compétentes. Le second frein est humain : la réticence des personnes, le rejet de l’innovation sous prétexte qu’elle remet en question des habitudes de travail éprouvées depuis des années, le non-investissement personnel des managers et décideurs.
Très clairement : soyez prêt à entendre que vos habitudes de travail sont optimisables, soyez prêt à envisager que vous n’êtes pas parfaits même si vous êtes très compétents. Soyez capable de vous remettre en question, de gommer seulement un instant tout ce que vous savez pour voir votre travail sous un angle nouveau. Imaginez que vous sortez de l’école, fraîchement diplômé, avec votre fougue, votre jeunesse, votre goût et votre maîtrise des nouvelles technologies. Imaginez qu’il n’y a pas de barrière, car vous ne vous y êtes pas encore heurtés.
Et maintenant, regardez votre métier, vos missions et voyez l’étendue du possible. L’innovation est une situation que l’on choisit. Elle ne vient jamais à nous, il faut aller la chercher par la main pour l’amener dans notre quotidien et pouvoir en tirer tous les bénéfices.
Alors, je le dis sans équivoque : si vous êtes réfractaires au progrès ou enfermés dans des habitudes de travail dites « éprouvées », vous pouvez arrêter la lecture à la fin de cette ligne.
— Fin ? —
Encore là ? Continuons !
Le BIM est une mode, et alors ?
J’entends souvent dire que le BIM est une mode, un « essai général » poussé par les pouvoirs publics, eux-mêmes poussés par les éditeurs de logiciels qui leur vendent du rêve et des promesses d’économies sur le « coût global de la construction » et qui en parallèle vendent des licences aux utilisateurs professionnels, ceux-là même qui subissent l’obligation qu’ils ont créée. Cela s’appelle créer un marché.
Oui, tout ceci est vrai. Oui, il est révoltant que les lobbies aient une telle capacité à nous créer des contraintes pour augmenter leur chiffre d’affaires, mais a-t-on vraiment le choix de ne pas suivre le mouvement ? Dans les années 2000 avec la démocratisation massive d’Internet, de nombreuses personnes s’inquiétaient de voir la dématérialisation pointer le bout de son nez. Nombreux sont ceux qui disaient « je n’ai pas besoin d’un ordinateur ni d’Internet, je ne vais pas en acheter un seulement pour faire des démarches administratives en ligne ». C’est un point de vue tout à fait justifié, mais force est de constater qu’en une décennie ces mêmes personnes n’ont eu d’autre solution que de s’équiper… pour parfois y prendre goût et même finir par s’inscrire sur Facebook ! Alors, oui le BIM est une mode dans le sens où il s’agit d’une « manière passagère de se conduire, de penser, considérée comme de bon ton dans un milieu, à un moment donné » (définition du dictionnaire Larousse), mais c’est une mode rendue obligatoire par les pouvoirs publics… Alors, peut-être que l’uniforme ne vous plaît pas, mais bientôt vous devrez aussi le porter.
Non, je n’ai pas plus d’intérêt que vous à passer au BIM
Mon seul intérêt est de tenter d’être plus compétent que mes concurrents, de m’affirmer comme « sachant » dans le domaine du BIM pour me forger une réputation et une expertise. Rien n’a changé sur ce plan. Chacun d’entre nous souhaite se démarquer, c’est le jeu du monde professionnel. Je n’ai pas d’actions chez Autodesk ou un concurrent, ni même auprès des vendeurs de formations BIM. Je me suis intéressé et formé au BIM pour répondre à une envie purement personnelle dans le cadre d’un plan de carrière que je me suis fixé, rien de plus.
Petits conseils entre amis
Le BIM n’est pas encore enseigné correctement à l’école. Les professionnels en activité n’ont jamais été formés au BIM pour la plupart et nombre d’entre eux n’en ont même jamais entendu parler. Pourtant, bientôt ce processus sera obligatoire. Les entrepreneurs seront en quête de « profils BIM » et auront en face d’eux soit des personnes fraîchement diplômées ayant une connaissance théorique, mais aucune pratique, soit des professionnels pas, peu ou mal formés au BIM. Le panel de « vrais pros du BIM » sera très restreint. Ne dit-on pas que ce qui est rare est cher ? Le BIM est une niche très porteuse, ne serait-il pas judicieux de vous y insérer ?