Maintenant que nous avons vu que l’herbe est bien verte chez les autres, regardons notre jardin.
La législation
A l’heure où j’écris ces lignes, aucune loi n’impose l’utilisation du BIM, ni en marché public ni en marché privé. Seul indicateur, la déclaration de Cécile Duflot, ministre française de l’Egalité des territoires et du Logement à une interview menée par Le Moniteur publiée le 18/03/2014 :
Nous allons progressivement rendre obligatoire la maquette numérique dans les marchés publics d’Etat en 2017. Et je suis sûre que les collectivités suivront très rapidement.
En clair : rien de concret pour l’instant. Faut-il s’en réjouir ? Oui car cela va vous laisser un peu plus de temps pour nous préparer au BIM, mais évidemment que non quand on voit l’avance qu’ont sur nous les autres pays du monde.
Seul indicateur positif, la communication autour du BIM semble efficace et même si les autorités publiques sont à la traîne, les professionnels du BTP, futurs utilisateurs du BIM, ainsi que les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre semblent montrer un intérêt grandissant pour la technologie et prennent les devants en évoluant par eux-mêmes vers ce processus avant même que la législation ne leur impose de le faire. Ceci témoigne que l’argument de l’efficacité apportée par le BIM et son intérêt comme « argument commercial valorisant » sont bien accueillis par les entrepreneurs.
Intérêt des professionnels
Utilisons les statistiques de Google pour nous rendre compte de ce que recherchent les gens actuellement.
Analysons l’évolution du nombre de recherches pour les mots clés « Building Information Modeling » en bleu et « BIM » en rouge depuis 10 ans.
De 2006 à 2007, le sujet a intéressé un cercle restreint de personnes qui suivaient alors les premières initiatives des gouvernements étrangers en la matière. De 2007 à 2010, l’intérêt croît en même temps que les initiatives mondiales, preuve que certains d’entre nous ont les yeux rivés vers l’extérieur, pour ensuite stagner jusqu’à début 2015.
2015, l’année du changement
2015 marque clairement l’année de la prise de conscience massive des français sur ce qu’est le BIM avec un pic absolu lors de la publication de l’interview de la ministre.
Que veulent dire ces recherches massives ? S’agit-il d’une simple curiosité face à un effet de mode ou bien témoignent-elles d’un vrai engouement ? Notons déjà que la hausse du nombre de recherches a commencé 6 mois avant l’annonce gouvernementale, ce qui indique que l’intérêt pour le BIM n’est pas intégralement lié à un sentiment d’obligation mais bien à une démarche personnelle de quête d’information. Pour aller plus loin dans l’analyse, Le Moniteur nous aide à répondre à cette question au travers d’un sondage aux résultats sans équivoques.
Les réponses des professionnels dénotent clairement une opinion positive sur le BIM. On remarque également qu’une part très faible des sondés a répondu « Ne sait pas ».
En résumé, les esprits sont assez mûrs pour qu’une grande réforme du BIM puisse être lancée en France !
Intérêt des collectivités
Les entreprises sont prêtes pour le BIM. Elles semblent l’accueillir comme un nouveau marché et comptent bien en tirer profit. La question se pose en revanche pour les collectivités. Certaines sont encore très éloignées du sujet et doivent être mieux sensibilisées. C’est le rôle des pouvoirs publics. La réussite du développement du BIM passera par la capacité de tous à se mobiliser, y compris les décideurs publics.
Pour que l’Etat réussisse son projet de « Transition Numérique » appliquée au bâtiment, il va devoir faire former ses troupes au BIM. Les maitres d’ouvrages publics et leurs maitrises d’œuvres doivent être à même d’incarner des interlocuteurs BIM de qualité face à des professionnels formés et compétents en la matière.
Météo BIM, bonjour !
Un peu de prospective pour finir. Après un pic de recherches atteint en mars 2015, la courbe est retombée à environ 80% du maximum, et suit désormais une croissance en pente douce.
Les choses s’accélèreront en 2016 5 où la communication gouvernementale connaitra un nouveau rebond lors d’une mise en avant d’un nouveau rapport en faveur du BIM, le tout couplé à une médiatisation de plus en plus efficace du BIM est des possibilités technologiques ouvertes (en faisant essentiellement la promotion de choses possible à un BIM de Niveau 3, c’est-à-dire un peu enjolivée par rapport à la réalité actuelle).
2017 sera l’année théorique du BIM obligatoire pour les marchés publics. Qu’en sera-t-il vraiment ? Au vue des fluctuations importantes des pressions que subit le pays, les prévisionnistes de météo BIM ne sont encore pas encore unanimes sur le sujet. Nous en reparlerons d’ici là !