Concevoir plus rapidement et plus précisément est un objectif ambitieux et nécessaire, et le BIM y contribue. Mais il existe un but encore plus complexe à atteindre : mieux construire. Car aussi détaillée soit la maquette, si la construction n’est finalement pas à la hauteur des attentes du maitre d’ouvrage c’est que le BIM ne tient pas ses engagements.
Or l’avenir du BIM doit nécessairement passer par l’engouement des maitres d’ouvrages, qui sont in fine ceux qui mettent la main au portefeuille et payent indirectement ce processus.
Le BIM est donc condamné à réussir pour pouvoir perdurer.
Le BIM face au monde de la construction
Si les concepteurs sont sensibilisés aux pratiques 3D depuis plusieurs décennies, ceci est nettement moins vrai dans le monde de la construction où la force des « habitudes éprouvées à ne surtout pas changer » anime une grande part du personnel d’encadrement de chantier.
Anticiper le rejet
Aussi lorsque le sujet de la maquette numérique est abordé, les réactions sont spontanées et épidermiques :
- C’est inutile, les plans 2D vont très bien !
- On ne sait déjà par travailler avec une précision au centimètre, alors en 3D…
- Je ne sais pas utiliser un ordi ! Je ne suis pas prêt d’y toucher à ta maquette !
- Et comment je kutche sur la maquette ?
- Et pour les indices de plans comment ça marche ?
- On n’a pas Internet sur le chantier comment je fais pour accéder à la maquette ?
- Ca va occuper une personne à temps plein cette maquette et on ne peut pas se permettre d’embaucher, alors on fait comment ?
- Encore une pseudo-idée de génie pour nous faire acheter des logiciels hors de prix !
- Attends… c’est pas encore au point ton truc là… le BIM. Laissons les concurrents essuyer les plâtres à notre place et on s’y mettra quand ce sera bien au point!
Lorsque vous serez vous aussi convaincu que le BIM est l’avenir de la construction (ce qui j’espère sera le cas à la fin du livre) faites l’essai : allez voir un chef de chantier et parlez-lui du BIM et essayez de le convaincre tout autant que vous l’êtes ! Vous prendrez pleinement la mesure de la distance qui sépare le monde des travaux du monde technologique.
Convaincre des atouts et rassurer
Alors comment s‘assurer que le BIM trouvera un écho favorable dans le monde de la construction ? Comment éviter les réactions de rejet qui risquent de provoquer l’échec de tout un processus ? Un des leviers pour y arriver et de rassurer. Car derrière la technologie il y aura toujours des humains. Bien que l’Homme doive parfois s’habituer à une machine, c’est avant tout à la machine de s’adapter à l’Homme.
Les professionnels de la construction dont le métier est déjà éprouvant sur tous les plans ont besoin d’entendre que le BIM ne leur ajoutera pas une contrainte supplémentaire, mais au contraire apportera plus de simplicité et de confort dans leur quotidien.
Imposer le BIM sera nécessaire in fine pour embarquer les plus réticents lorsque le train de BIM sera lancé à vive allure. Mais contraindre provoque frustration et rancœur, alors que convaincre engendre adhésion, engouement et motivation. De fait, la pédagogie doit rester prépondérante. Créer l’envie et donner à réfléchir sont les leviers à actionner pour susciter l’adhésion du monde de la construction au BIM. C’est également le but de cet article.
Éloge de l’innovation
J’attire votre attention sur le fait qu’à ce stade certains usages présentés sur ce site ne sont encore pas opérationnels. Parfois il manque peu de chose, parfois nous en sommes encore très loin. Les technologies employées sont toutes prêtes, mais les logiciels permettant de les exploiter sont parfois encore en développement. Ce site se veut donc quelque peu « visionnaire ». Alors à vous de ne pas interpréter cela comme de folles idées mais plutôt comme des concepts potentiellement applicables à votre activité.
Aussi pour tirer un vrai bénéfice de ces enseignements il va falloir mettre vos méninges en ébullition et enclencher le levier de votre imagination !
« La difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d’échapper aux idées anciennes. » – John Maynard Keynes
Acceptez l’idée que le BTP est en train de poser le pied sur un continent nouveau. Analysez les solutions proposées et comprenez les bien. Ensuite, triturez-les, détournez-les, tordez-leur le cou ! Combinez-les, mélangez-les entre elles pour en dégager de nouveaux usages ! Maltraitez-les pour vous les approprier en les façonnant à l’image de vos besoins, ceux de votre métier.
« Idée de génie : mettre la pomme de Newton dans la brouette de Pascal. » – Roland Bacri
Pour vous permettre tout de même de bien percevoir la frontière entre la réalité et la fiction, je préciserai pour chaque usage proposé les références de solutions matérielles et logicielles décrites. J’évaluerai également leur niveau de réalisme sur la base de l’échelle ci-dessous.
Cette évaluation est également très sensible à la date à laquelle vous lirez ces lignes. Aussi, ce qui semblait plus proche de la fiction que de la réalité à la date d’écriture de ces lignes est peut être devenu pleinement opérationnel aujourd’hui. Et je vous le souhaite, car cela signifie que vous allez pouvoir en bénéficier !
Ce petit conditionnement était nécessaire pour vous aider à combattre la basse tendance humaine à regarder la nouveauté avec méfiance et crainte. Maintenant que vous êtes dans un bon état d’esprit, voyons les avantages de la maquette numérique et ses usages très concrets appliqués à la construction.
Je citerai souvent des métiers en particulier dans le but de concrétiser au maximum le BIM, mais gardez à l’esprit que ces usages sont parfaitement transposables à d’autres activités.